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zaouanne
29 septembre 2011

Le combat économique et culturel des femmes indigènes au Costa Rica

Dans de nombreux pays, la femme joue un rôle essentiel dans la vie économique. C’est le cas de ce groupe de femmes, réunies dans l’association ACOMUITA, au cœur du territoire Bribri dans le sud est du Costa Rica. Entre survie économique et perte de culture, le combat des indigènes est rude.

Talamanca


Il faut emprunter deux bus depuis Puerto Viejo, ville au sud-est du Costa Rica pour accéder à Shiroles, territoire bribri (indien) à Talamenca. Deux transports locaux vieux comme Hérode, balancent le passager d'un bord à l'autre. Le Costa Rica est certes le pays le plus riche de l'Amérique centrale, mais son réseau routier est à revoir. L'association Acomuita, «Commision des femmes indigènes Bribri de Talamenca », se situe à l'entrée du village, dans un grand bâtiment de béton sans charme. L'espace intérieur se divise entre une grande salle et quelques petites pièces. Depuis plusieurs années, Marina préside le développement de l’association.

Acomuita ou l'union des femmes

Acomuita est née en 1995 de l'union de trois groupes de femmes autour d'un projet commun. Depuis, ce sont 75 indigènes bribris et 4 cabécars (autre tribu indigène) qui sont associées. Divers projets ont vu le jour dont le plus notable est une fabrique de chocolat bio. Avant d'aller plus en avant dans cette présentation, Marina expose la raison fondamentale de cette institution : “Mejorar la calidad de vida de las asociadas mediante la generación de empleos y el aumento del ingreso economico” (améliorer la qualité de vie des associées à travers la création d'emplois et l'augmentation des revenus économiques).

A la fin des années 1980, beaucoup de femmes mères célibataires se sont regroupées pour s'aider mutuellement face à la crise financière qu'elles traversaient toutes. Se serrer les coudes, s'entraider les ont aidées et les ont convaincues de la viabilité du travail en coopération. Depuis lors l'association est reconnue dans le Bas-Talamenca. Des femmes viennent solliciter des formations pour les aider dans leurs projets, qui dans le développement de leurs fincas (fermes), qui dans un tout autre domaine. L'association les soutient et les suit dans leurs démarches.

Le fer de lance de l'ACOMUITA est la fabrique du chocolat, Tsiru'ichok (“mange du chocolat” en langage bribri). Toute la chaîne est contrôlée par des femmes, des productrices de cacao à la vente. Dans les années 1980, une maladie avait affecté le cacao poussant la majorité des paysans à se reconvertir dans la banane plantain. Les rares ayant conservés leurs plans fournissent désormais leur récolte à la fabrique cependant en quantité encore insuffisante. Acomuita s'est donnée pour mission de semer de nouveaux plans et d'étendre la production. Parallèlement, l'association travaille sur le dépôt de la marque qui aidera à agrandir le marché de la vente, car réduit à l'heure actuelle à la seule province d'El Limon, le pays Talamancain et la côte de Puerto Viejo.

Acomuita

Une culture en voie de disparition

Acomuita est également un relais des institutions nationales comme la INAMU (Institut international de la femme), notamment dans un programme contre la violence familiale. Depuis quelques années, la culture disparaît et fait place à une vague de violence domestique due en partie à l’apparition de l'alcoolisme et la drogue.

Si ce groupe de femmes lutte pour son autonomie économique et pour une agriculture saine (biologique), il est un autre combat difficile à mener : la sauvegarde de leur langue bribri, base de leur culture. Fut un temps où l’on ne pouvait plus la parler sous prétexte “qu’elle n'était parlée nulle part ailleurs”, explique Marina. De nouveau enseignée dans les écoles, elle est en décalage avec le terrain. La méthode d'apprentissage dictée par le ministère de l'éducation est un mystère pour les Bribri. “Mes petits enfants me montrent leur livre et je n'arrive pas à le lire. Ce n'est pas notre bribri. Notre langue a toujours été orale, je ne sais qui a décidé des règles de son écriture”, poursuit Marina. Les jeunes indigènes happés par l'invasion de schémas occidentaux, sont honteux de parler la langue de leurs ancêtres. La génération actuelle de parents comprend le bribri mais refuse de le parler ; sans grand-parents pour l’enseigner, ce langage indigène disparaîtra comme d'autres. Et avec une langue disparaît une culture et l'identité d'un peuple. Les chants s'oublient, les danses se vident de leur symbolique, les coutumes se perdent... Le combat des femmes d'Acomuita sera t'il suffisant pour empêcher le délitement progressif de la culture indigene ? A la sortie de notre entretien avec Marina, les femmes présentes travaillent et s'expriment toutes... en espagnol.

 

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Commentaires
C
Je te connais très peu; mais je suis sous le charme de ton blog; tes écrits sont magique...........................J'espère de tout coeur que tu réaliseras ton livre et bon vent dans ta nouvelles vie Amitiés de Rio San Juan
zaouanne
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